Analyse financière du Department of Finance
Thorsten Hens de l’Université de Zurich, sur mandat de Bank von Roll
Zurich, le 25 février 2025 – Les investisseurs suisses détiennent en moyenne environ 1 % de leurs placements financiers sous la forme d’or. L’or joue toutefois un rôle important dans la constitution et la préservation du patrimoine à long terme. Selon différentes théories de portefeuille, une part de 5 % à 26 % est recommandée.
Sur mandat de Bank von Roll, l’université de Zurich a réalisé une analyse financière sur le rôle de l’or dans la constitution et la préservation du patrimoine. Les principales conclusions de l’étude sont les suivantes :
- L’or joue un rôle important dans la constitution d’un patrimoine à long terme.
- Par rapport aux actions, l’or n’est que partiellement un moteur de rendement, mais il garantit le maintien de la capacité d’action et est prédestiné à la préservation du patrimoine, même en temps de crise.
- Selon le modèle choisi, 5 % à 26 % d’or dans l’allocation d’actifs globale est une approche judicieuse pour l’investisseur suisse. Souvent évoqué comme alternative à l’or, le bitcoin s’y prête moins en raison de sa forte volatilité et des différentes réglementations juridiques internationales.
- L’or tokenisé ne repose pas encore sur un fondement juridique sûr et ne convient donc pas, du point de vue actuel, à la constitution d’un patrimoine à long terme.
L’or dans l’allocation d’actifs
Concernant la part de l’or dans le portefeuille, si l’on interroge les nouveaux modèles d’IA, ChatGPT estime qu’elle se situe entre 5 % et 10 % pour l’investisseur suisse, selon une grande partie des experts financiers. Une étude récente de l’université de Saint-Gall (Reinecke, 2024) estime la fortune en or à 15 milliards de francs suisses. L’Office fédéral de la statistique indique que le patrimoine financier des ménages suisses est de 2 500 milliards. Les ménages suisses détiennent donc moins de 1 % de leur patrimoine financier en or.
Selon le modèle de marché financier Capital Asset Pricing Model de Sharpe, Mossin et Lintner, les parts du portefeuille doivent correspondre à la capitalisation boursière relative. La capitalisation boursière de toutes les actions s’élève à environ 91 billions de dollars et l’or à 18 billions de dollars. Un investisseur qui vise un portefeuille équilibré doit donc détenir 52.5 % d’actions, 35.5 % d’obligations et 12 % d’or. Si l’on considère une stratégie de rééquilibrage dans les modèles Growth-Optimal Portfolio de Kelly, Breiman et Latane (GOP), une analyse de type Mean-Variance Analysis de Markowitz (MVA) et la théorie des perspectives de Kahneman et Tversky (PT), on obtient 15 % à 26 % d’or dans l’allocation d’actifs. Contrairement au buy and hold, la stratégie de rééquilibrage conserve la répartition des actifs sur les marchés haussiers et baissiers. De telles stratégies sont suivies par la plupart des caisses de pension suisses ainsi que par le fonds d’État norvégien, qui connaît un grand succès, car elles sont plus rentables que les stratégies de portefeuille sans rééquilibrage régulier (buy & hold).
Comparaison des rendements de l’or et des actions
Si l’on compare l’or à un investissement dans l’indice mondial des actions (MSCI-World) de 1972 nos jours, on constate (sans tenir compte de l’inflation) qu’un investissement de 100 dollars dans l’or vaut aujourd’hui environ 6 000 dollars, alors qu’un investissement dans le MSCI-World ne vaut que 3 400 dollars. Toutefois, en réinvestissant les dividendes, un investissement dans le MSCI-World vaudrait aujourd’hui environ 14 800 dollars, mais sans tenir compte de l’imposition des dividendes, qui réduit considérablement cet avantage du placement en actions réinvesti par rapport à l’or. De plus, en tant qu’investissement, l’or offre une protection contre l’inflation, car le prix de l’or a tendance à augmenter en cas d’inflation.
Si l’on considère l’évolution de la valeur corrigée en fonction de l’inflation d’un investissement de 100 dollars, on constate que la détention d’argent liquide pendant cette période se traduit par une énorme perte de valeur : sur 100 dollars de pouvoir d’achat, il n’en resterait que 13. Un placement dans l’or aurait quasiment multiplié par huit le pouvoir d’achat pendant cette période, contre par dix-neuf pour un placement dans le MSCI-World avec réinvestissement des dividendes ; ce facteur est réduit à onze pour les investisseurs suisses en raison de l’imposition des paiements de dividendes. Une diversification dans l’or et les actions est donc clairement recommandée.
L’or en périodes de crises
Lors de l’éclatement de la bulle dotcom (2000-2003), de la crise financière mondiale (2007/2008), de la crise du coronavirus et des incertitudes géopolitiques prévalant depuis 2022, on constate que l’or a souvent affiché des rendements positifs pendant ces périodes, alors que les obligations ont évolué latéralement et que les actions ont parfois beaucoup perdu de leur valeur.
Tableau 1 : Variation de la valeur réelle des quatre classes d’actifs en période de crise Ce tableau illustre les variations de valeur corrigées en fonction de l’inflation des classes d’actifs au cours des différentes crises du 21e siècle. | |||||
Crise | Argent | Obligations | Or | Actions | |
Éclatement du dotcom (janvier 2000 – mars 2003) | -9 % | +45 % | +7 % | -49 % | |
Crise financière (janvier 2007 – mars 2009) | -5 % | +26 % | +37 % | -45 % | |
Crise de la dette européenne (janvier 2010 – décembre 2014) | -8 % | +40 % | -1 % | +67 % | |
Coronavirus (mars 2020 – mars 2021) | -2 % | -7 % | +5 % | +31 % | |
Ukraine (janvier 2022 – décembre 2022) | -6 % | -23 % | -6 % | -23 % | |
Source : Analyse financière du Department of Finance de l’Université de Zurich, 2025
Le rôle du bitcoin par rapport à l’or physique (pas «l’or papier»)
Le protocole Bitcoin prévoit au maximum 21 millions de bitcoins, ce qui limite le nombre de bitcoins et en fait une denrée rare. On estime actuellement la quantité d’or extraite à environ 205 000 tonnes, ce qui comprend l’or sous forme de bijoux, de pièces de monnaie, de lingots et l’or utilisé dans des applications industrielles. Environ 3 000 tonnes d’or supplémentaires sont extraites chaque année. Le sol ne devrait plus receler que 50 000 tonnes d’or. La capitalisation boursière du bitcoin s’élève actuellement à environ 1,6 billion de dollars américains. Par conséquent, selon le modèle de marché financier Capital Asset Pricing Model, les investisseurs devraient détenir environ 1 % de leurs actifs en bitcoin. Dans une perspective de structuration de portefeuille, l’allocation en bitcoin devrait également être plutôt limitée, car la crypto-monnaie présente une forte volatilité et n’est pas considérée comme résistante aux crises.
À propos de l’étude
L’objectif de cette étude scientifique est d’examiner dans quelle mesure l’or est approprié pour la constitution d’un patrimoine à long terme. L’étude repose sur des données collectées depuis 1971. Lors des calculs, on adopte d’une part la perspective d’un investisseur dont la monnaie de référence est le franc suisse et d’autre part celle d’un investisseur dont la monnaie de référence est le dollar américain. En outre, l’allocation optimale des actifs est calculée avec et sans impôts, et donc pour les investisseurs privés et institutionnels. Comme les gains de change ne sont pas imposés en Suisse, contrairement aux dividendes ou intérêts, l’or peut présenter un avantage. Les taux d’inflation de la Suisse proviennent du site web de l’Office fédéral de la statistique. Les taux utilisés pour les États-Unis émanent des données en ligne de Bob Shiller et les données sur les actions sont tirées de Bloomberg.
L’étude intégrale est disponible à cette adresse (en allemand) :
https://www.df.uzh.ch/de/research/auftragsforschung/goldstudie.html
À propos de Bank von Roll SA
Domiciliée à Zurich, Bank von Roll est une société anonyme fondée en 2009 et réglementée par la FINMA. L’actionnaire principal, August François von Finck, garantit l’indépendance de la banque, qui se concentre sur les activités classiques de gestion de fortune pour les particuliers fortunés, les family offices et une sélection d’investisseurs institutionnels. La banque se considère comme un acteur de niche et ne propose pas de crédits commerciaux, d’hypothèques ou d’activités de banque d’investissement. Cela explique le ratio élevé de fonds propres de base (Tier 1) de plus de 30 %, par rapport au ratio de 10.5 % exigé par la réglementation, et renforce la qualité de la banque. La banque opère exclusivement en Suisse pour une clientèle nationale et internationale triée sur le volet.
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